Aurore E. B., ATER, IGARUN, Nantes
Peux-tu nous raconter ton parcours d'études ?
Après trois années de licence débutées en 2012 à l’IGARUN, je développe un intérêt pour les questions liées à l’habitat et à l’accessibilité lors d’un diagnostic territorial réalisé durant le master 1 de Géographie et d’Aménagement. Je poursuis avec un Master 2 AGT (Aménagement et Gouvernance des Territoires) durant lequel je me spécialise sur les questions de l’habitat, principalement pour les personnes âgées. C’est d’ailleurs l’objet de mon mémoire intitulé : « L’habitat adapté pour personnes âgées en Loire-Atlantique. Le rôle de Mutualité Retraite ». Suite à ce master, ma première expérience professionnelle se déroule au sein d’un gestionnaire d’habitat pour personnes âgées en tant que chargée d’études et de développement. J’y élabore notamment des études de territoire préalables à l’implantation de nouvelles résidences pour personnes âgées associant un projet de services. En 2020, je poursuis en tant qu’ingénieure d’études dans un programme interdisciplinaire intitulé PROFAM « Travailler entre Profession et Famille ». Je contribue à la conception et l’exploitation d’un protocole de traitement de données afin d’analyser et caractériser les offres d’emploi du secteur de l’aide à domicile pour les personnes âgées en Loire Atlantique.
Souhaitant poursuivre sur la thématique de l’habitat, je fais le choix d’entreprendre une thèse en ciblant la question de l’habitat pour personnes handicapées. J’effectue ainsi une thèse de 2020 à 2024 au sein du laboratoire Espaces et SOciétés (ESO, UMR CNRS 6590) à l’IGARUN. Cette recherche doctorale porte sur « Le choix d’habiter des travailleurs handicapés accompagnés : une approche biographique mixte. L’exemple de la région des Pays de la Loire ». Dans un contexte où la France promeut l’inclusion des personnes handicapées dans le milieu ordinaire du travail et du logement, ma thèse en géographie sociale propose une analyse spatialisée du processus de sélection d’un logement auprès de travailleurs handicapés accompagnés dans la région Pays de la Loire. L’objectif est de saisir l’impact des caractéristiques individuelles, de l’environnement résidentiel, des trajectoires biographiques et des politiques publiques sur les choix résidentiels de cette population.
Quelle fonction occupes-tu aujourd'hui ?
Aujourd’hui, je suis Attachée temporaire d’enseignement et de recherche (ATER) à l’IGARUN. C’est un poste qui permet aux doctorant·es ou jeunes docteur·es de se familiariser avec l’enseignement et la recherche dans le but d’obtenir la qualification du CNU (Conseil national des Universités) pour devenir Maître de Conférences. Au cours de ma thèse, j’ai assuré des heures d’enseignement en tant que vacataire, ce qui qui m’a donné envie de poursuivre avec un service d’enseignement plus conséquent (192 heures à l’année). J’enseigne des cours thématiques (Lectures paysagères, Géographie de la santé, Géographie sociale des mondes urbains et ruraux…) et méthodologiques (Cartographie statistique, Méthodologie du travail universitaire, Enquêtes en géographie…) à des étudiants de Licence ou de Master.
Sur le plan de la recherche, ce poste me permet de communiquer mes résultats de recherche (publication, séminaire, colloque…) tout en continuant mes travaux. Une thèse n’étant pas une fin en soi, je peux ainsi continuer à explorer mes résultats de recherche notamment au travers de traitements statistiques plus complets. Autre exemple, j’ai intégré un programme de recherche ayant pour but d’apporter un regard réflexif aux usages de l’intelligence artificielle dans nos pratiques de recherche.
Qu'est ce qui te plaît dans ce métier ?
Dans le métier d’ATER, nous avons cette double casquette, similaire à celle d’un Maître de Conférences, en tant qu’enseignant et chercheur. Trouver un équilibre pour le temps consacré à l’enseignement et la recherche n’est pas un exercice aisé, mais c’est aussi très enrichissant. Sur le plan pédagogique, j’apprécie particulièrement transmettre aux étudiants un savoir académique et méthodologique. En tant que jeune docteure, mon parcours universitaire est encore récent, ce qui facilite les liens avec les étudiants : il est plus facile de se mettre à leur place et d’imaginer un cours tel qu’on aurait aimé le recevoir. Pour la petite anecdote, mes professeurs sont devenus mes collègues, le fait de passer du statut d’étudiante au statut d’enseignante m’a permis de découvrir les « coulisses ». Une thèse effectuée sur un temps imparti implique nécessairement des renoncements. Alors, une fois la pression de la thèse retombée, c’est intéressant de s’y replonger et d’explorer d’autres dimensions de notre propre sujet. Par exemple, je vais pouvoir sillonner les méandres des analyses multivariées (rires). Enfin, cette année d’ATER me permet d’élargir sa recherche avec d’autres collègues géographes, au travers de projet de recherche notamment.
Avec le recul, comment vois-tu ta formation universitaire ?
Depuis le lycée, j’ai eu le déclic pour des études supérieures en géographie. Je remercie d’ailleurs mon professeur d’Histoire Géographie qui, dans le cadre d’un travail extrascolaire, m’a donnée envie de faire de l’aménagement du territoire. Ma formation universitaire à l’IGARUN, de la licence au master est donc une suite logique de cette aspiration. Bien que j’aurais pu être une étudiante plus assidue en licence, mon déclic a eu lieu en master et mes notes se sont nettement améliorées. En 2017, à la fin de mon master, mon encadrante de mémoire m’avait suggérée de poursuivre avec une thèse. Je n’ai pas de regrets d’avoir décliné à cette époque, j’avais envie de partir dans le monde professionnel.
Et finalement, une petite graine s’est plantée puisque je suis revenue à l’IGARUN en 2020 pour débuter cette thèse. Cette thèse est d’ailleurs plus qu’une expérience universitaire et professionnelle, mais extrêmement enrichissante sur le plan personnel. Au final, mon ambition initiale de travailler dans l’aménagement du territoire a quelque peu évolué, mais je me sens à ma place en tant que géographe. Mon conseil est donc d’écouter ses aspirations, de parfois attendre pour trouver sa voie et de rester ouvert à de nouvelles opportunités. Si on m’avait dit qu’un jour j’enseignerais…